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Page:Hugo - La Légende des siècles, 2e série, édition Hetzel, 1877, tome 2.djvu/155

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X CATULLE


Que faire au mois d'avril à moins de s'adorer ?
Viens, nous allons songer, viens, nous allons errer.
Laissons Plaute à Chloé prouver qu'il la désire
Par un triple collier de corail de Corcyre ;
Laissons Psellas charmer Fuscus par ses grands yeux,
Et par l'âpre douceur d'un chant mystérieux ;
Laissons César dompter la fortune changeante,
Mettre un mors à l'équestre et sauvage Agrigente,
Au Numide, à l'Ibère, au Scythe hasardeux ;
Ayons le doux souci d'être seuls tous les deux.
Nous avons à nous l'air, le ciel, l'ombre, l'espace.
Nous ferons arrêter le muletier qui passe,
Nous boirons dans son outre un peu de vin sabin ;
Et le soir, quand la lune, éclairant dans leur bain
La faune et la naïade indistincte, se lève,
Nous chercherons un lit pour finir notre rêve,
Une mousse cachée au fond du hallier noir.
Ô belle, rien n'existe ici-bas que l'espoir,
Rien n'est sûr que l'hymen, rien n'est vrai que la joie ;
L'amour est le vautour et nos cœurs sont la proie.
Quand, ainsi qu'y monta jadis la nymphe Hellé,
Une femme apparaît sur l'Olympe étoilé,