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Page:Hugo - La Légende des siècles, 2e série, édition Hetzel, 1877, tome 2.djvu/202

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Pour faire une clôture à leur haie, à leur ferme, Pour servir de lien à la barre qui ferme Leur verger, leur vigne ou leur pré, Pour joindre les poteaux de leur porte en ruines, Ils prennent, ô Jésus, la couronne d'épines Qui fit saigner ton front sacré !

Leur visage rayonne et plaît ; leur voix caresse ; Ils sont doux et charmants ; la grâce enchanteresse Mêle son miel à leur jargon ; Leur sourire est la fleur s'ouvrant sous les rosées ; Le dedans est horrible, et toutes leurs pensées Ont la figure du dragon.

De leur humilité leur vanité se venge ; Ils disent : Que me font, si je vis et je mange, La famine et le choléra ! Le faux poids dans leur droite, ils vendent, ils achètent ; Leur âme a des secrets que les démons cachètent Et qu'un jour Dieu seul ouvrira.