Page:Hugo - La Légende des siècles, 2e série, édition Hetzel, 1877, tome 2.djvu/23

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Je suis. Vous n’êtes pas, feu des yeux, sang des veines,
Parfum des fleurs, granit des tours, ô fiertés vaines !
Tout d’avance est pleuré.
On m’extermine en vain, je renais sous ma voûte ;
Le pied qui m’écrasa peut poursuivre sa route,
Je le dévorerai.


J’atteins tout ce qui vole et court. L’argiraspide
Ne peut me fuir, eût-il un cheval plus rapide
Que l’oiseau de Vénus ;
Je ne suis pas plus loin des chars qui s’accélèrent
Que du cachot massif où des lueurs éclairent
De sombres torses nus.


*


Un peuple s’enfle et meurt comme un flot sur la grève.
Dès que l’homme a construit une cité, le glaive
Vient et la démolit ;
Ce qui résiste au fer croule dans les délices ;
Pour te tuer, ô Rome, Octave a les supplices,
Messaline a son lit.