Page:Hugo - La Légende des siècles, 2e série, édition Hetzel, 1877, tome 2.djvu/313

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De la honte emplissant le livide horizon ; Oui, supposons l'absurde, imposture ou démence, Le culte de l'agneau produisant l'inclémence, Un pontife quelconque, indou, juif ou romain, Essayant d'arrêter Dieu dans l'esprit humain, Et ne comprenant rien au foudroyant mystère Qui fait surgir, après Torquemada, Voltaire ; Imaginons, quoi ? Tout ! Qu'on en vienne à bâtir Dans ce Paris qui fut soldat, qui fut martyr, Devant le Panthéon sublime, une pagode ; Qu'on mette Messaline et Tartuffe à la mode ; Qu'on fasse le mensonge évêque ou sénateur, Si bien que la bassesse ait droit à la hauteur ; Supposons ce qu'on n'a jamais vu, la chimère : Un faussaire escroquant l'empire ; notre mère, La France, violée et tombant tout en pleurs Du bivouac des héros dans l'antre des voleurs ; Supposons que trahir devienne une devise ; Que le juge indigné d'un crime, se ravise Et lui prête serment, puis, sur la loi monté, Fasse de la justice une fidélité À ce crime, toujours infâme, mais auguste ; Supposons que le vrai soit faux, le juste injuste, Le scélérat sacré, l'honnête homme puni ; Et que le prêtre mente et devienne infini Dans l'opprobre, à ce point de donner pour exemple Le mal, et d'ébranler les colonnes du temple Par de prodigieux Tedeums bénissant