Page:Hugo - La Légende des siècles, 2e série, édition Hetzel, 1877, tome 2.djvu/33

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L’eau n’a qu’un bruit ; l’azur n’a que son coup de foudre
Le juge n’a qu’un mot, punir, ou bien absoudre ;
L’arbre n’a que son fruit ;
L’ouragan se fatigue à de vaines huées,
Et n’a qu’une épaisseur quelconque de nuées ;
Moi, j’ai l’énorme nuit.


L’Etna n’est qu’un charbon que creuse un peu de soufre ;
L’erreur de l’Océan, c’est de se croire un gouffre ;
Je dirai : C’est profond
Quand vous me trouverez un précipice, un piége.
Où l’univers sera comme un flocon de neige
Qui décroît et qui fond.


Quoique l’enfer soit triste, et quoique la géhenne,
Sans pitié, redoutable aux hommes pleins de haine,
Ouverte au-dessous d’eux,
Soit étrange et farouche, et quoiqu’elle ait en elle
Les immenses cheveux de la flamme éternelle,
Qu’agite un vent hideux,