Page:Hugo - La Légende des siècles, 2e série, édition Hetzel, 1877, tome 2.djvu/342

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Après avoir été l'ange, être le lépreux !
La femme, en voyant Paul, disait : Qu'il disparaisse !

Et l'imprécation s'achevait en caresse.
Pas pour lui.

                                — Viens, toi ! Viens, l'amour ! viens, mon bonheur !
J'ai volé le plus beau de vos anges, Seigneur,
Et j'ai pris un morceau du ciel pour faire un lange.
Seigneur, il est l'enfant, mais il est resté l'ange.
Je tiens le paradis du bon Dieu dans mes bras.
Voyez comme il est beau ! Je t'aime. Tu seras
Un homme. Il est déjà très-lourd. Mais c'est qu'il pèse
Presque autant qu'un garçon qui marcherait ! Je baise
Tes pieds, et c'est de toi que me vient la clarté ! —
Et Paul se souvenait, avec la quantité
De mémoire qu'auraient les agneaux et les roses,
Qu'il s'était entendu dire les mêmes choses.

Il prenait dans un coin, à terre, ses repas.
Il était devenu muet, ne parlait pas,
Ne pleurait plus. L'enfance est parfois sombre et forte.

Souvent il regardait lugubrement la porte.