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Page:Hugo - La Légende des siècles, 2e série, édition Hetzel, 1877, tome 2.djvu/371

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Demeurera debout sur la terre où nous sommes, Et ne craindra pas plus le passage des hommes Que l'étoile ne craint le vol des alcyons. Il n'expliquera point au cœur les passions, À l'esprit le problème, et la tombe à la vie ; Mais il fera germer chez tous l'ardente envie De monter, de grandir, et de voir au delà. Où ? Plus loin. Le zénith que Thalès contempla, Les constellations, ces effrayants fulgores, Que regardaient errer les pâles Pythagores, Les orbes de la vie obscure entre-croisés, La science qui cherche et dit : Jamais assez ! Ne contesteront point ce temple, et, dans l'espace, Par tout le gouffre et par toute l'ombre qui passe Il sera vénéré, n'ayant point ici-bas Aggravé par l'erreur nos douleurs, nos combats, Nos deuils, et n'ayant point de reproche à se faire.

Sous l'âpre voûte ayant la rondeur d'une sphère, La statue, impassible et voilée, aura l'air De rêver, attentive aux forêts, à la mer, Aux germes, à l'azur, aux nuages, aux astres ; Pas de frises aux toits ; aux murs pas de pilastres ; Le granit nu qu'aucun ornement n'interrompt ; Et, rien ne remuant, les hommes trembleront ;