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Page:Hugo - La Légende des siècles, 2e série, édition Hetzel, 1877, tome 2.djvu/380

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Jamais le dernier mot, le grand mot, ne peut être Dit dans cette ombre énorme où le ciel se défend, Par la religion, toujours en mal d'enfant.

C'est parce que je roule en moi ces choses sombres, C'est parce que je vois l'aube dans les décombres, Sur les trônes le mal, sur les autels la nuit, C'est parce que, sondant ce qui s'évanouit, Bravant tout ce qui règne, aimant tout ce qui souffre, J'interroge l'abîme, étant moi-même gouffre ; C'est parce que je suis parfois, mage inclément, Sachant que la clarté trompe et que le bruit ment, Tenté de reprocher aux cieux visionnaires Leur crachement d'éclairs et leur toux de tonnerres ; C'est parce que mon cœur, qui cherche son chemin, N'accepte le divin qu'autant qu'il est humain ; C'est à cause de tous ces songes formidables Que je m'en vais, sinistre, aux lieux inabordables, Au bord des mers, au haut des monts, au fond des bois. Là, j'entends mieux crier l'âme humaine aux abois ; Là je suis pénétré plus avant par l'idée Terrible, et cependant de rayons inondée.