Page:Hugo - La Légende des siècles, 2e série, édition Hetzel, 1877, tome 2.djvu/46

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Le monde, avec ses feux, ses chants, ses harmonies,
N’est qu’une éclosion immense d’agonies
Sous le bleu firmament,
Un pêle-mêle obscur de souffles et de râles,
Et de choses de nuit, vaguement sépulcrales,
Qui flottent un moment.


Dieu subit ma présence ; il en est incurable.
Toute forme créée, ô nuit, est peu durable.
Ô nuit, tout est pour nous ;
Tout m’appartient, tout vient à moi, gloire guerrière,
Force, puissance et joie, et même la prière,
Puisque j’ai ses genoux.


La démolition, voilà mon diamètre.
Le zodiaque ardent, que Rhamsès a beau mettre
Sur son sanglant écu,
Craint le ver du sépulcre, et l’aube est ma sujette ;
L’escarboucle est ma proie, et le soleil me jette
Des regards de vaincu.