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Page:Hugo - La Légende des siècles, 2e série, édition Hetzel, 1877, tome 2.djvu/87

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Pour la terre, il s'éloigne, et, pour l'astre, il s'approche.

Il avait commencé par bâtir sur la roche,
À la mode des rois construisant des donjons,
Un bouge qu'il avait couvert d'un toit de joncs,
Ayant l'escarpement pour joie et pour défense ;
Car l'abîme l'enivre, et depuis son enfance
Qu'il erre plein d'extase et de sublime ennui,
Il cherche on ne sait quoi de grand qui soit à lui
Dans ces immensités favorables à l'aigle.
L'ouragan emporta sa cabane. — Espiègle !
Dit l'homme, en regardant son vieux toit chassieux
S'en aller à travers les foudres dans les cieux.

À cette heure, parmi les crevasses bourrues
Pleines du tournoiement des milans et des grues,
Un repaire, ébauchant une ogive au milieu
D'une haute paroi toute de marbre bleu,
Souterrain pour le loup, aérien pour l'aigle,
Est son gîte ; le houx, l'épi barbu du seigle,
L'ortie et le chiendent encombrent l'antre obscur,
Sorte de trou hideux dans un monstrueux mur ;
Au-dessus du repaire, au haut du mur de marbre,
Se tord et se hérisse une hydre de troncs d'arbre ;
Cette espèce de bête immobile lui sert
À retrouver sa route en ce morne désert ;