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Page:Hugo - La Légende des siècles, 3e série, édition Hetzel, 1883.djvu/72

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Tout ce que lui dirait n'importe quel passant,
Devant les douze rois et la garde romaine,
Cet homme parlât-il pendant une semaine.

Donc un passant fut pris rentrant dans sa maison.
On était aux beaux jours de la tiède saison ;
Le passant fut conduit devant le trône ; un prêtre
Lui fit savoir le vœu du roi d'Arle, et le maître
Lui dit : Aboie aussi longtemps que tu voudras.

Alors, comme autrefois devant Saül Esdras,
Pierre devant Néron et Job devant l'Abîme,
L'homme parla.

                          Le trône était sombre et sublime ;
Cent archers l'entouraient, pas un ne remuait ;
Et les rois semblaient sourds et l'empereur muet.
On voyait devant eux une table servie
Avec tout ce qui peut satisfaire l'envie
Des heureux, des puissants, de ceux qui sont en haut,
Viandes et vins, fruits, fleurs, et dans l'ombre un billot.

L'homme était un vieillard très grand, à tête nue,
Tranquille ; on l'emmenait chez lui, la nuit venue,