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Page:Hugo - Les Châtiments (Hetzel, 1880).djvu/138

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Redoutés du fuyard,
Percés, troués, criblés, sans peur et sans reproche,
Vous qui dans vos lambeaux mêlez le sang de Hoche
Et le sang de Bayard,

Ô vieux drapeaux ! sortez des tombes, des abîmes !
Sortez en foule, ailés de vos haillons sublimes,
Drapeaux éblouissants !
Comme un sinistre essaim qui sur l’horizon monte,
Sortez, venez, volez, sur toute cette honte
Accourez frémissants !

Délivrez nos soldats de ces bannières viles !
Vous qui chassiez les rois, vous qui preniez les villes,
Vous en qui l’âme croit,
Vous qui passiez les monts, les gouffres et les fleuves,
Drapeaux sous qui l’on meurt, chassez ces aigles neuves,
Drapeaux sous qui l’on boit !

Que nos tristes soldats fassent la différence !
Montrez-leur ce que c’est que les drapeaux de France,
Montrez vos sacrés plis
Qui flottaient sur le Rhin, sur la Meuse et la Sambre,
Et faites, ô drapeaux, auprès du Deux-Décembre
Frissonner Austerlitz !