Page:Hugo - Les Châtiments (Hetzel, 1880).djvu/295

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Se penchaient sur son front ; il dit : Me voici libre !
Je suis vainqueur ! je vois mes aigles accourir ! —
Et, comme il retournait sa tête pour mourir,
Il aperçut, un pied dans la maison déserte,
Hudson Lowe guettant par la porte entr’ouverte.
Alors, géant broyé sous le talon des rois,
Il cria : La mesure est comble cette fois !
Seigneur ! c’est maintenant fini ! Dieu que j’implore,
Vous m’avez châtié ! — La voix dit : — Pas encore !

IV

Ô noirs événements, vous fuyez dans la nuit !
L’empereur mort tomba sur l’empire détruit.
Napoléon alla s’endormir sous le saule.
Et les peuples alors, de l’un à l’autre pôle,
Oubliant le tyran, s’éprirent du héros.
Les poëtes, marquant au front les rois bourreaux,
Consolèrent, pensifs, cette gloire abattue.
À la colonne veuve on rendit sa statue.
Quand on levait les yeux, on le voyait debout
Au-dessus de Paris, serein, dominant tout,
Seul, le jour dans l’azur et la nuit dans les astres.
Panthéons, on grava son nom sur vos pilastres !
On ne regarda plus qu’un seul côté des temps ;
On ne se souvint plus que des jours éclatants ;
Cet homme étrange avait comme enivré l’histoire ;