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Page:Hugo - Les Châtiments (Hetzel, 1880).djvu/411

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Tout se tait.Le désert est muet, vaste et nu.
L’œil ne voit sous les cieux que l’espace sans borne.

Tout à coup, au milieu de ce silence morne
Qui monte et qui s’accroît de moment en moment,
S’élève un formidable et long rugissement !

C’est le lion.

III

C’est le lion.Il vient, il surgit où vous êtes,
Le roi sauvage et roux des profondeurs muettes !

Il vient de s’éveiller comme le soir tombait,
Non, comme le loup triste, à l’odeur du gibet,
Non, comme le jaguar, pour aller dans les havres
Flairer si la tempête a jeté des cadavres,
Non, comme le chacal furtif et hasardeux,
Pour déterrer la nuit les morts, spectres hideux,
Dans quelque champ qui vit la guerre et ses désastres ;
Mais pour marcher dans l’ombre à la clarté des astres.