Aller au contenu

Page:Hugo - Les Châtiments (Hetzel, 1880).djvu/471

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
455
1870

Cette édition de 1853 faite, l’auteur n’a pu même essayer de revoir les éditions de contrefaçon de son œuvre et les empêcher de se substituer à l’édition primitive. Un nombre immense d’exemplaires des Châtiments dans ces éditions ultra-défectueuses se sont ainsi répandus dans le monde entier, et, récemment, car la contrefaçon a toujours été attentive, elle n’aime nulle part à perdre son temps, ils ont fait irruption en France, et y demeureraient si l’éditeur primitif du livre, d’accord avec l’auteur, n’avait pour devoir de les arrêter. La spéculation en était venue même à ce point d’effronterie de vendre sous le nom de Victor Hugo des rapsodies telles que le Christ au Vatican. Quelques contrefaçons des Châtiments portent cet appendice inepte. L’heure est enfin venue de donner une édition complète des Châtiments, digne de l’œuvre et digne de la France.

L’édition que nous publions, augmentée de plusieurs pièces, est donc plus complète qu’aucune autre et que l’édition primitive elle-même.

Lue ou relue avec l’esprit de vérité qui souffle enfin sur notre pays, l’œuvre de Victor Hugo semblera nouvelle aujourd’hui. Elle apparaîtra telle à ceux mêmes qui la savent par cœur ; elle montrera aux temps futurs qu’il y a eu, dès l’empire, la justice anticipée de la poésie sur l’histoire.

Les Châtiments resteront comme une de ces œuvres éternelles qui plaident aux yeux de l’avenir pour les faiblesses d’un peuple aveugle, et qui finalement les rachètent. « La lumière était donc quelque part. Il y avait donc quelque part un flambeau qu’aucune tempête n’avait pu éteindre, se diront nos enfants. Rien n’était dès lors tout à fait perdu, puisque, du milieu des abaissements les plus extrêmes, une telle voix parlait encore. »

J. Hetzel.