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Page:Hugo - Les Travailleurs de la mer Tome I (1891).djvu/257

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LE REVOLVER

du petit-bey, sur la plage de sable, entre deux rochers, dans un lieu très solitaire, deux hommes qui causaient. Il les visa de sa lunette marine, et reconnut l’un des deux hommes. C’était le capitaine Zuela. Il paraît qu’il reconnut aussi l’autre.

Cet autre était un personnage de haute taille, un peu grisonnant. Il portait le haut chapeau et le grave vêtement des amis. C’était probablement un quaker. Il baissait les yeux avec modestie.

En arrivant à l’auberge Jean, sieur Clubin apprit que le Tamaulipas comptait appareiller dans une dizaine de jours.

On a su depuis qu’il avait pris encore quelques autres informations.

À la nuit il entra chez l’armurier de la rue Saint-Vincent et lui dit :

— Savez-vous ce que c’est qu’un revolver ?

— Oui, répondit l’armurier, c’est américain.

— C’est un pistolet qui recommence la conversation.

— En effet, ça a la demande et la réponse.

— Et la réplique.

— C’est juste, monsieur Clubin. Un canon tournant.

— Et cinq ou six balles.

L’armurier entr’ouvrit le coin de sa lèvre et fit entendre ce bruit de langue qui, accompagné d’un hochement de tête, exprime l’admiration.

— L’arme est bonne, Monsieur Clubin. Je crois qu’elle fera son chemin.

— Je voudrais un revolver à six canons.