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Page:Hugo - Les Travailleurs de la mer Tome I (1891).djvu/422

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LES TRAVAILLEURS DE LA MER

Jersey. Le député-vicomte est un officier considérable ; il assiste, comme représentant de sa majesté, à la tenue des chefs-plaids, aux débats de la cohue, et aux exécutions des arrêts de justice.

Lethierry fixa sa prunelle sur le docteur Hérode.

— Je n’aime pas la pendaison, dit-il.

Le docteur Hérode, qui jusqu’alors avait prononcé tous les mots avec la même intonation, eut un accès de sévérité et une inflexion nouvelle.

— Mess Lethierry, la peine de mort est ordonnée divinement. Dieu a remis le glaive à l’homme. Il est écrit : « œil pour œil, dent pour dent. »

le révérend Ebenezer rapprocha imperceptiblement sa chaise de la chaise du révérend Jaquemin, et lui dit, de façon à n’être entendu que de lui :

— Ce que dit cet homme lui est dicté.

— Par qui ? Par quoi ? demanda du même ton le révérend Jaquemin Hérode.

Ebenezer répondit très bas :

— Par sa conscience.

Le révérend Hérode fouilla dans sa poche, en tira un gros in-dix-huit relié avec fermoirs, le posa sur la table, et dit à voix haute :

— La conscience, la voici.

Le livre était une bible.

Puis le docteur Hérode s’adoucit. Son désir était d’être utile à mess Lethierry, qu’il considérait fort. Il avait, lui pasteur, droit et devoir de conseil ; pourtant mess Lethierry était libre.