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Page:Hugo - Les Travailleurs de la mer Tome I (1891).djvu/44

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femelles, est né le cochet d’Inde, « Turkey cony ». À en croire Furetière, abbé de Chalivoy, le même qui reprochait à La Fontaine d’ignorer la différence du bois en grume et du bois marmanteau, la France a été longtemps sans apercevoir Aurigny sur la côte. Aurigny en effet ne tient dans l’histoire de Normandie qu’une place imperceptible. Rabelais pourtant connaissait l’archipel normand ; il nomme Herm, et Serk, qu’il appelle Cerq. « Ie vous asseure que telle est cette terre icy, quelles autres fois I’ai veu les isles de Cerq et Herm, entre Bretagne et Angleterre. » (Édition de 1558. Lyon, p. 423.)

Les Casquets sont un redoutable lieu de naufrages. Les anglais, il y a deux cents ans, avaient pour industrie d’y repêcher des canons. Un de ces canons, couvert d’huîtres et de moules, est au musée de Valognes.

Herm est un eremos ; saint Tugdual, ami de saint Sampson, a été en prières à Herm, de même que saint Magloire à Serk. Il y a eu des auréoles d’ermites sur toutes ces pointes d’écueils. Hélier priait à Jersey, et Marcour dans les rochers du Calvados. C’était le temps où l’ermite Eparchias devenait saint Cybard dans les cavernes d’Angoulême et où l’anachorète Crescentius, au fond des forêts de Trêves, faisait crouler un temple de Diane, en le regardant fixement pendant cinq ans. C’est à Serk, qui était son sanctuaire, son « jonad naomk » que Magloire composa l’hymne de la Toussaint, refaite par Santeuil, Cœlo quos eadem gloria consecrat. C’est de là encore qu’il jetait des pierres aux saxons dont les flottes pillardes vinrent à deux reprises le déranger dans son oraison. L’archipel était aussi quelque