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Page:Hugo - William Shakespeare, 1864.djvu/180

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Ils exècrent ce novateur d’Eschyle. Ils blâment toutes ces inventions qui ont pour but de mieux faire ressembler le drame à la nature, l’emploi de l’anapeste pour le chœur, de l’ïambe pour le dialogue et du trochée pour la passion, de même qu’on a plus tard blâmé dans Shakespeare le passage de la poésie à la prose, et dans le théâtre du dix-neuvième siècle ce qu’on a appelé le vers brisé. Ce sont là des nouveautés insupportables. Et puis, la flûte chante trop haut, et le tétracorde chante trop bas, et qu’a-t-on fait de la vieille division sacrée des tragédies en monodies, stasimes et exodes ? Thespis ne mettait en scène qu’un acteur parlant ; voilà Eschyle qui en met deux. Bientôt on en mettra trois. (Sophocle, en effet, devait venir.) Où s’arrêtera-t-on ? Ce sont des impiétés. Et comment cet Eschyle ose-t-il appeler Jupiter le prytane des immortels ? Jupiter était un Dieu, ce n’est plus qu’un magistrat. Où allons-nous ? La thymèle, l’ancien autel du sacrifice, est maintenant un siège pour le coryphée ! le chœur devrait se borner à exécuter la strophe, c’est-à-dire le tour à droite, puis l’antistrophe, c’est-à-dire le tour à gauche, puis l’épode, c’est-à-dire le repos ; mais que signifie le chœur arrivant dans un char ailé ? Qu’est-ce que le taon qui poursuit Io ? Pourquoi l’Océan vient-il monté sur un