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Page:Hugo - William Shakespeare, 1864.djvu/185

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leurs premières couronnes ; il est curieux de voir ce reproche reparaître toujours ; Pezay et Saint-Lambert le répètent au dix-huitième siècle :

 
Pourquoi, Voltaire, à ces auteurs
Qui t’adressent des vers flatteurs,
Répondre, en toutes les missives,
Par des louanges excessives ?


Eschyle, vivant, fut une sorte de cible publique à toutes les haines. Jeunes, on lui préféra les anciens, Thespis et Phrynichus ; vieux, on lui préféra les nouveaux, Sophocle et Euripide. Enfin, il fut traduit devant l’aréopage, et, selon Suidas, parce que le théâtre s’était écroulé pendant une de ses pièces, selon Elien, parce qu’il avait blasphémé, ou, ce qui est la même chose, raconté les arcanes d’Eleusis, il fut exilé, il mourut en exil.

Alors l’orateur Lycurgue s’écria : Il faut élever à Eschyle une statue de bronze.

Athènes, qui avait chassé l’homme, éleva la statue.

Ainsi Shakespeare, mort, entra dans l’oubli ; Eschyle, dans la gloire.

Cette gloire, qui devait avoir dans les siècles ses phases, ses éclipses, ses disparitions et ses réapparitions, fut éblouissante. La Grèce se souvint de Salamine, où Eschyle avait combattu. L’aréopage lui-même eut honte. Il se sentit