Page:Hugo - William Shakespeare, 1864.djvu/192

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beau. On réfléchit pourtant. Le Ptolémée était redoutable. Il avait repris de force à l’Asie les deux mille cinq cents dieux égyptiens emportés jadis par Cambyse, parce qu’ils étaient en or et en argent. Il avait de plus conquis la Cilicie et la Syrie, et tout le pays de l’Euphrate au Tigre. Athènes, elle, n’était plus au temps où elle improvisait une flotte de deux cents vaisseaux contre Artaxerce. Elle laissa Eschyle prisonnier de l’Égypte.

C’était un prisonnier dieu. Cette fois le mot dieu est à sa place. On rendait à Eschyle des honneurs inouïs. Le roi refusa, dit-on, de le faire copier, tenant stupidement à posséder un exemplaire unique.

On veilla particulièrement sur ce manuscrit quand la bibliothèque d’Alexandrie, grossie de la bibliothèque de Pergame, qu’Antoine donna à Cléopâtre, fut transférée dans le temple de Jupiter Sérapis. C’est là que saint Jérôme vint lire, sur le texte athénien, le fameux passage de Prométhée prophétisant le Christ : « Va dire à Jupiter que rien ne me fera nommer celui qui doit le détrôner. »

D’autres docteurs de l’Église firent sur cet exemplaire la même vérification. Car de tout temps on a combiné avec les affirmations orthodoxes ce qu’on a appelé les témoignages du