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Page:Hugo - William Shakespeare, 1864.djvu/21

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cette île. Ce n’est point ici l’instant d’en parler. Disons seulement que le plus ancien dont la tradition, la légende peut-être, ait gardé le souvenir, était un romain, Vipsanius Minator, qui employa son exil à augmenter, au profit de la domination de son pays, la muraille romaine dont on voit encore quelques pans, semblables à des morceaux de collines, près d’une baie nommée, je crois, la baie Sainte-Catherine. Ce Vipsanius Minator était un personnage consulaire, vieux romain si entêté de Rome qu’il gêna l’empire. Tibère l’exila dans cette île cimmérienne, Cœsarea ; selon d’autres, dans une des Orcades. Tibère fit plus ; non content de l’exil, il ordonna l’oubli. Défense fut faite aux orateurs du sénat et du forum de prononcer le nom de Vipsanius Minator. Les orateurs du forum et du sénat, et l’histoire, ont obéi ; ce dont Tibère, d’ailleurs, ne doutait pas. Cette arrogance dans le commandement, qui allait jusqu’à donner des ordres à la pensée des hommes, caractérisait certains gouvernements antiques parvenus à une de ces situations solides où la plus grande somme de crimes produit la plus grande somme de sécurité.

Revenons à Marine-Terrace.

Un matin de la fin de novembre, deux des habitants du lieu, le père et le plus jeune des