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Page:Hugo - William Shakespeare, 1864.djvu/210

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officie. On dirait qu’il exerce sur la nature, sur les peuples, et jusque sur les dieux, une sorte de magisme. H reproche aux bêtes leur voracité. Un vautour qui saisit, malgré sa course, une hase pleine, et qui s’en repaît, « mange toute une race arrêtée en sa fuite ». Il interpelle la poussière et la fumée ; à l’une, il dit : « Sœur altérée de la boue », et à l’autre : « Sœur noire du feu ». Il insulte la baie redoutée de Salmydessus, « marâtre des vaisseaux ». Il raccourcit aux proportions naines les grecs vainqueurs de Troie par trahison, il les montre mis bas par une machine de guerre, il les appelle « ces petits d’un cheval. » Quant aux dieux, il va jusqu’à incorporer Apollon à Jupiter. Il nomme magnifiquement Apollon « la conscience de Jupiter ».

Son audace d’intimité est absolue, signe de souveraineté. Il fait prendre Iphigénie par le sacrificateur « comme une chèvre ». Pour lui une reine, femme fidèle, est « la bonne chienne de la maison ». Quant à Oreste, il l’a vu tout petit, et il le raconte « mouillant ses langes », humectatio ex urina. Il dépasse même ce latin. L’expression que nous ne disons pas ici est dans les Plaideurs (acte III, scène III). Si vous tenez à lire le mot que nous hésitons à écrire, adressez-vous à Racine.