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Page:Hugo - William Shakespeare, 1864.djvu/224

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rôle. Voyez dans l’Orestie comme le chœur, qui est le peuple, accueille tendrement Cassandre. La reine rudoie et effarouche l’esclave, que le chœur tâche de rassurer et d’apaiser. Eschyle avait introduit le peuple dans ses œuvres les plus hautes ; il l’avait mis dans Penthée par la tragédie des Cardeuses de laine, dans Niobé par la tragédie des Nourrices, dans Athamas par la tragédie des Tireurs de filets, dans Iphigénie par la tragédie des Faiseuses de lit. C’était du côté du peuple qu’il faisait pencher la balance dans ce drame mystérieux, le Pesage des Ames[1]. Aussi l’avait-on choisi pour la conservation du feu sacré.

Dans toutes les colonies grecques on jouait l’Orestie et les Perses. Eschyle présent, la patrie n’était plus absente. Les magistrats ordonnaient ces représentations presque religieuses. Le gigantesque théâtre eschylien était comme chargé de surveiller le bas âge des colonies. Il les enfermait dans l’esprit grec, il les garantissait du mauvais voisinage et des tentations d’égarement possible, il les préservait du contact barbare, il les maintenait dans le cercle hellénique. Il était là comme avertisseur. On confiait, pour ainsi dire, à Eschyle toutes ces petites Grèces.

Dans l’Inde, on donne volontiers les enfants

  1. La Psychostasie.