Aller au contenu

Page:Hugo - William Shakespeare, 1864.djvu/236

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

tout dans ce rien ! Pour l’algèbre, point géométrique. Pour la philosophie, âme. Comme point géométrique, base de la science ; comme âme, base de la foi. Voilà ce que c’est que l’atome. Deux urnes, les sexes, puisent la vie dans l’infini, et le renversement de l’une dans l’autre produit l’être. Ceci est la norme pour tous, pour l’animal comme pour l’homme. Mais l’homme plus qu’homme, d’où vient-il ?

La suprême intelligence, qui est ici-bas le grand homme, quelle est la force qui l’évoque, l’incorpore et la réduit à la condition humaine ? Quelle est la part de la chair et du sang dans ce prodige ? Pourquoi certaines étincelles terrestres vont-elles chercher certaines molécules célestes ? Où plongent ces étincelles ? où vont-elles ? comment s’y prennent-elles ? Quel est ce don de l’homme de mettre le feu à l’inconnu ? Cette mine, l’infini, cette extraction, un génie, quoi de plus formidable ! d’où cela sort-il ? Pourquoi, à un moment donné, celui-ci et non celui-là ? Ici, comme partout, l’incalculable loi des affinités apparaît, et échappe. On entrevoit, mais on ne voit pas. O forgeron du gouffre, où es-tu ?

Les qualités les plus diverses, les plus complexes, les plus opposées en apparence, entrent dans la composition des âmes. Les contraires ne s’excluent pas ; loin de là, ils se complètent.