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Page:Hugo - William Shakespeare, 1864.djvu/248

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est ouverte ou fermée par un de ces êtres qu’on appelle génies. Ces esprits missionnaires, ces légats de Dieu, ne portent-ils pas en eux une sorte de solution partielle de cette question si abstruse du libre arbitre ? L’apostolat, étant un acte de volonté, touche d’un côté à la liberté, et, de l’autre, étant une mission, touche par la prédestination à la fatalité. Le volontaire nécessaire. Tel est le messie ; tel est le génie.

Maintenant revenons, — car toutes les questions qui se rattachent au mystère sont le cercle et l’on n’en peut sortir, — revenons à notre point de départ et à notre interrogation première : Qu’est-ce qu’un génie ? Ne serait-ce pas une âme cosmique ? ne serait-ce pas une âme pénétrée d’un rayon de l’inconnu ? Dans quelles profondeurs se préparent ces espèces d’âmes ? quels stages font-elles ? quels milieux traversent-elles ? quelle est la germination qui précède l’éclosion ? quel est le mystère de l’avant-naissance ? où était cet atome ? Il semble qu’il soit le point d’intersection de toutes les forces. Comment toutes les puissances viennent-elles converger et se nouer en unité indivisible dans cette intelligence souveraine ? qui a couvé cet aigle ? l’incubation de l’abîme sur le génie, quelle énigme ! Ces hautes âmes, momentanément propres à la terre, n’ont-elles pas vu autre chose ? est-ce pour cela qu’elles