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Page:Hugo - William Shakespeare, 1864.djvu/282

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Passez votre vie à vous retenir.

Sobriété, décence, respect de l’autorité, toilette irréprochable. Pas de poésie que tirée à quatre épingles. Une savane qui ne se peigne point, un lion qui ne fait pas ses ongles, un torrent pas tamisé, le nombril de la mer qui se laisse voir, la nuée qui se retrousse jusqu’à montrer Aldébaran, c’est choquant. En anglais shocking. La vague écume sur l’écueil, la cataracte vomit dans le gouffre, Juvénal crache sur le tyran. Fi donc !

Nous aimons mieux pas assez que trop. Point d’exagération. Désormais le rosier sera tenu de compter ses roses. La prairie sera invitée à moins de pâquerettes. Ordre au printemps de se modérer. Les nids tombent dans l’excès. Dites donc, bocages, pas tant de fauvettes, s’il vous plaît. La voie lactée voudra bien numéroter ses étoiles ; il y en a beaucoup.

Modelez-vous sur le grand Cierge Serpentaire du Jardin des Plantes qui ne fleurit que tous les cinquante ans. Voilà une fleur recommandable.

Un vrai critique de l’école sobre, c’est ce concierge d’un jardin qui, à cette question : Avez-vous des rossignols dans vos arbres ? répondait : Ah ! ne m’en parlez pas, pendant tout le mois de mai ces vilaines bêtes ne font que gueuler.

M. Suard donnait à Marie-Joseph Chénier ce