Aller au contenu

Page:Hugo - William Shakespeare, 1864.djvu/302

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Ces hommes ont blessé le genre humain dans ses génies ; ces misérables mains gardent à jamais la couleur de la poignée de boue qu’elles ont jetée.

Et ces hommes n’ont pas même la renommée triste qu’ils semblaient avoir acquise de droit, et toute la quantité de honte qu’ils ont espérée. On sait peu qu’ils ont existé. Ils ont le demi-oubli, plus humiliant que l’oubli complet. Excepté deux ou trois d’entre eux, devenus proverbes dans le dédain, espèces de chouettes clouées qui restent pour l’exemple, on ne connaît pas tous ces malheureux noms-là. Ils demeurent dans la pénombre. Une notoriété trouble succède à leur existence louche. Voyez ce Clément qui s’était surnommé lui-même l’hypercritique, et qui eut pour profession de mordre et de dénoncer Diderot, il disparaît et s’efface, quoique né à Genève, dans le Clément de Dijon, confesseur de Mesdames, dans le David Clément, auteur de la Bibliothèque curieuse, dans le Clément de Baize, bénédictin de Saint-Maur, et dans le Clément d’Ascain, capucin, définiteur et provincial du Béarn. A quoi bon avoir déclaré que l’œuvre de Diderot n’est qu’un verbiage ténébreux, et être mort fou à Charenton, pour être ensuite submergé dans quatre ou cinq Cléments inconnus ? Famien Strada a eu beau