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Page:Hugo - William Shakespeare, 1864.djvu/315

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cosmique du Jéhovah de la Genèse. Le Jupiter grec, mauvais fils d’un mauvais père, rebelle à Saturne, qui a été lui-même rebelle à Cœlus, est un parvenu. Les titans sont une sorte de branche aînée qui a ses légitimistes dont était Eschyle, vengeur de Prométhée. Prométhée, c’est le droit vaincu. Jupiter a, comme toujours, consommé l’usurpation du pouvoir par le supplice du droit. L’Olympe requiert le Caucase. Prométhée y est mis au carcan. Le titan est là, tombé, couché, cloué. Mercure, ami de tout le monde, vient lui donner des conseils de lendemain de coups d’état. Mercure, c’est la lâcheté dé l’intelligence. Mercure, c’est tout le vice possible, plein d’esprit ; Mercure, le dieu vice, sert Jupiter, le dieu crime. Cette valetaille dans le mal est encore marquée aujourd’hui par la vénération du filou pour l’assassin. Il y a quelque chose de cette loi-là dans l’arrivée du diplomate derrière le conquérant. Les chefs-d’œuvre ont cela d’immense qu’ils sont éternellement présents aux actes de l’humanité. Prométhée sur le Caucase, c’est la Pologne après 1772, c’est la France après 1815, c’est la Révolution après brumaire. Mercure parle, Prométhée écoute peu. Les offres d’amnistie échouent quand c’est le supplicié qui, seul, aurait droit de faire grâce. Prométhée,