Page:Hugo - William Shakespeare, 1864.djvu/361

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le prenaient quelquefois mal, et se soulevaient ; mais c’était l’ancien genre, ridicule maintenant, et il faut laisser dire les fâcheux et les grognons affirmant qu’il y avait plus de notion du droit, de la justice et de l’honneur dans les pavés d’autrefois que dans les hommes d’aujourd’hui.

Les rhétoriques, officielles et officieuses, nous avons signalé cette sagesse, prennent de fortes précautions contre les génies. Ils sont peu universitaires ; qui plus est, ils manquent de platitude. Ce sont des lyriques, des coloristes, des enthousiastes, des fascinateurs, des possédés, des exaltés, des « enragés », nous avons lu le mot, des êtres, qui, lorsque tout le monde est petit, ont la manie de « faire grand ». Que sais-je ? ils ont tous les vices. Un médecin a récemment découvert que le génie est une variété de la folie. Ils sont Michel-Ange maniant des colosses ; ils sont Rembrandt peignant avec une palette toute barbouillée de rayons de soleil ; ils sont Dante, Rabelais et Shakespeare, excessifs. Ils vous apportent un art farouche, rugissant, flamboyant, échevelé comme le lion et la comète. Quelle horreur ! On se coalise contre eux, et l’on fait bien. Il y a, par bonheur, les teetotallers de l’éloquence et de la poésie. J’aime la pâleur, disait un jour un bourgeois de lettres. Le bourgeois de lettres existe. Les rhétoriques,