Aller au contenu

Page:Hugo - William Shakespeare, 1864.djvu/385

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

été de cet avis, et nous avons pris les devants pour le dire il y a quarante ans [1]. Pour nous Shakespeare est un génie et non un système. Nous nous sommes expliqué déjà sur ce point, et nous nous expliquerons encore plus au long tout à l’heure, mais, disons-le dès à présent, ce que Shakespeare a fait est fait une fois pour toutes. Il n’y a point à y revenir. Admirez ou critiquez, mais ne refaites pas. C’est fait.

Un critique distingué, mort depuis peu, M. Chaudesaigues, accentue encore ce reproche : « On a, dit-il, restauré Shakespeare sans le suivre. L’école romantique n’a point imité Shakespeare. C’est là son tort. » C’est là son mérite. On l’en blâme ; nous l’en louons. Le théâtre contemporain est ce qu’il est, mais il est lui-même. Le théâtre contemporain a pour devise : Sum, non sequor. Il n’appartient à aucun « système ». Il a sa loi propre, et il l’accomplit. Il a sa vie propre, et il en vit.

Le drame de Shakespeare exprime l’homme à un moment donné. L’homme passe, ce drame reste, ayant pour fond éternel la vie, le cœur, le monde, et pour surface le seizième siècle. Il n’est ni à continuer, ni à recommencer. Autre siècle, autre art.

  1. Préface de Cromwell.