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Page:Hugo - William Shakespeare, 1864.djvu/432

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villes. Ce n’est pas l’herbe qu’il regarde plier au vent, c’est l’homme ; ce n’est pas contre les lions qu’il rugit, c’est contre les tyrans. Malheur à toi, Achab ! malheur à toi, Osée ! malheur à vous, rois ! malheur à vous, pharaons ! c’est là le cri du grand solitaire. Puis il pleure.

Sur quoi ? sur cette éternelle captivité de Babylone, subie par Israël jadis, subie par la Pologne, par la Roumanie, par la Hongrie, par Venise, aujourd’hui. Il veille, le penseur bon et sombre ; il épie, il guette, il écoute, il regarde, oreille dans le silence, œil dans la nuit, griffe à demi allongée vers les méchants. Parlez-lui donc de l’art pour l’art, à ce cénobite de l’idéal. Il a son but et il y va, et son but, c’est ceci : le mieux. Il s’y dévoue.

Il ne s’appartient pas, il appartient à son apostolat. Il est chargé de ce soin immense, la mise en marche du genre humain. Le génie n’est pas fait pour le génie, il est fait pour l’homme. Le génie sur la terre, c’est Dieu qui se donne. Chaque fois que paraît un chef-d’œuvre, c’est une distribution de Dieu qui se fait. Le chef-d’œuvre est une variété du miracle. De là, dans toutes les religions et chez tous les peuples, la foi aux hommes divins. On se trompe si l’on croit que nous nions la divinité des christs.

Au point où la question sociale est arrivée,