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Page:Hugo - William Shakespeare, 1864.djvu/50

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Cette reine n’avait pas fait attention à lui. Elle trouva moyen de régner quarante-quatre ans sans voir que Shakespeare était là. Elle n’en est pas moins qualifiée historiquement protectrice des arts et des lettres, etc. Les historiens de la vieille école donnent de ces certificats à tous les princes, qu’ils sachent lire ou non.

Shakespeare, persécuté comme plus tard Molière, cherchait comme Molière à s’appuyer sur le maître, Shakespeare et Molière auraient aujourd’hui le cœur plus haut. Le maître, c’était Elisabeth, le roi Elisabeth, comme disent les anglais. Shakespeare glorifia Elisabeth ; il la qualifia Vierge étoile, astre de l’Occident, et, nom de déesse qui plaisait à la reine, Diane ; mais vainement. La reine n’y prit pas garde ; moins attentive aux louanges où Shakespeare l’appelait Diane, qu’aux injures de Scipion Gentilis qui, prenant la prétention d’Elisabeth par le mauvais côté, l’appelait Hécate, et lui adressait la triple imprécation antique : Mormo ! Bombo ! Gorgo ! Quant à Jacques 1er, que Henri IV nommait maître Jacques, il donna, on l’a vu, le privilège du Globe à Shakespeare, mais il interdisait volontiers la publication de ses pièces. Quelques contemporains, entre autres le docteur Symon Forman, se préoccupèrent de Shakespeare au point de noter l’emploi d’une soirée