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Page:Hugo - William Shakespeare, 1864.djvu/534

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à leur suite on ne sait quelle flamme en tumulte. Ils apparaissaient à l’homme dans un échevèlement de lumière horrible. Ils n’éclairaient pas le ciel ; ils l’incendiaient. On eût dit qu’ils voulaient prendre possession de l’infini. On entendait des bruits d’écroulements dans leur gloire. Une rougeur s’y mêlait. Était-ce de la pourpre ? Était-ce du sang ? Était-ce de la honte ? Leur lumière faisait songer à la face de Caïn. Ils s’entre-haïssaient. Des chocs fulgurants allaient de l’un à l’autre ; par moments ces énormes astres se heurtaient avec des ruades d’éclairs. Ils avaient l’air furieux. Leur rayonnement s’allongeait en épées. Tout cela pendait terrible au-dessus de nous.

Cette lueur tragique remplit le passé. Aujourd’hui elle est en pleine décroissance.

Il y a déclin de la guerre, déclin du despotisme, déclin de la théocratie, déclin de l’esclavage, déclin de l’échafaud. Le glaive diminue, la tiare s’éteint, la couronne se simplifie, la bataille extravague, le panache baisse, l’usurpation se circonscrit, la chaîne s’allège, le supplice se déconcerte. L’antique voie de fait de quelques-uns sur tous, nommée droit divin, touche à sa fin. La légitimité, la grâce de Dieu, la monarchie pharamonde, les nations marquées à l’épaule de la fleur de lys, la possession