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Page:Hugo - William Shakespeare, 1864.djvu/91

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son style sur une épaule d’empereur, et la marque reste. Tacite fait toujours sa plaie au lieu voulu. Plaie profonde. Juvénal, tout-puissant poëte, se disperse, s’éparpille, s’étale, tombe et rebondit, frappe à droite, à gauche, cent coups à la fois, sur les lois, sur les mœurs, sur les mauvais magistrats, sur les méchants vers, sur les libertins et les oisifs, sur César, sur le peuple, partout ; il est prodigue comme la grêle ; il est épars comme le fouet. Tacite a la concision du fer rouge.

§ IX

L’autre, Jean, est le vieillard vierge. Toute la sève ardente de l’homme, devenue fumée et tremblement mystérieux, est dans sa tête, en vision. On n’échappe pas à l’amour. L’amour, inassouvi et mécontent, se change à la fin de la vie en un sinistre dégorgement de chimères. La femme veut l’homme ; sinon l’homme, au lieu de la poésie humaine, aura la poésie spectrale. Quelques êtres pourtant résistent à la germination universelle, et alors ils sont dans cet état particulier où l’inspiration monstrueuse peut s’abattre sur eux. L’Apocalypse est le chef-d’œuvre