Page:Hugo Hernani 1889.djvu/173

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Ô rage ! il aurait, lui, le cœur, l’amour, le trône,
Et d’un regard de vous il me ferait l’aumône !
Et s’il fallait un mot à mes vœux insensés,
C’est lui qui vous dirait : — Dis cela, c’est assez ! —
En maudissant tout bas le mendiant avide
Auquel il faut jeter le fond du verre vide !
Honte ! dérision ! Non. Il faut en finir,
Bois !

Hernani.

Bois !Il a ma parole, et je dois la tenir.

Don Ruy Gomez.

Allons !

Hernani approche la fiole de ses lèvres. Doña Sol se jette sur son bras.
Doña Sol.

Allons !Oh ! pas encor ! Daignez tous deux m’entendre.

Don Ruy Gomez.

Le sépulcre est ouvert, et je ne puis attendre.

Doña Sol.

Un instant ! — Mon seigneur ! Mon don Juan ! — Ah ! tous deux,
Vous êtes bien cruels ! Qu’est-ce que je veux d’eux ?
Un instant ! voilà tout, tout ce que je réclame ! —
Enfin, on laisse dire à cette pauvre femme
Ce qu’elle a dans le cœur !… — Oh ! laissez-moi parler !

Don Ruy Gomez, à Hernani.

J’ai hâte.

Doña Sol.

J’ai hâte.Messeigneurs, vous me faites trembler !
Que vous ai-je donc fait ?

Hernani.

Que vous ai-je donc fait ?Ah ! son cri me déchire.