Aller au contenu

Page:Hugo Rhin Hetzel tome 1.djvu/107

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

demi-nue de la jeune fille, qui se renverse en arrière et dont la tête échevelée rencontre la figure droite et impassible de Minerve casquée. Pluton emporte Proserpine, à laquelle Minerve, la conseillère, parle bas à l’oreille. L’Amour souriant est assis sur le char entre les jambes colossales de Pluton. Derrière Proserpine se débat selon les lignes les plus fières et les plus sculpturales le groupe des nymphes et des furies. Les compagnes de Proserpine s’efforcent d’arrêter un char attelé de deux dragons ailés et ignivomes qui est là comme une voiture de suite. Une des jeunes déesses qui a saisi hardiment un dragon par les ailes lui fait pousser des cris de douleur. Ce bas-relief est un poème. C’est de la sculpture violente, vigoureuse, exorbitante, superbe, un peu emphatique comme en faisait la Rome païenne, comme en eût fait Rubens.

Ce cercueil, avant d’être le sarcophage de Charlemagne, avait été, dit-on, le sarcophage d’Auguste.

Enfin, par un autre escalier étroit et sombre qu’ont monté depuis six siècles bien des rois, bien des empereurs, bien des passants illustres, mon guide m’a conduit jusqu’à la galerie qui forme le premier étage de la rotonde et qu’on appelle le Hochmunster.

Là, sous une armure de bois qu’il a enlevée à demi et qui ne tombe jamais entièrement que pour les visiteurs couronnés, j’ai vu le fauteuil de pierre de Charlemagne. — Ce fauteuil, bas, large, à dossier arrondi formé de quatre lames de marbre blanc nues et sans sculptures, assemblées par des chevrons de fer, ayant pour siège une planche de chêne recouverte d’un coussin de velours rouge, est exhaussé sur six degrés, dont deux sont de granit et quatre de marbre blanc.

Sur ce fauteuil, revêtu des quatorze plaques byzantines dont je vous parlais tout à l’heure, au haut d’une estrade de pierre à laquelle conduisaient ces quatre marches de marbre blanc, la couronne en tête, le globe dans une main et le sceptre dans l’autre, l’épée germanique au côte, le manteau de l’empire sur les épaules, la croix de Jésus-Christ au cou, les pieds plongeant au sarcophage d’Auguste, l’empereur Charlemagne était assis dans son tombeau. Il est resté dans cette ombre, sur ce trône et dans cette atti-