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Page:Hugo Rhin Hetzel tome 3.djvu/190

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Deuxièmement, la profonde misère des classes inférieures. Quand tout est en haut, rien n’est en bas. Le champ était aux seigneurs, par conséquent le blé, par conséquent le pain. Ils vendaient le pain au peuple, et le lui vendaient cher. Faute affreuse, que font toujours toutes les aristocraties. De là des famines factices. Du temps même de Charles-Quint, dans les hivers rigoureux, les pauvres mouraient de froid et de faim dans les rues de Madrid. Or, profonde misère, profonde rancune. La faim fait un trou dans le cœur du peuple et y met la haine. Au jour venu, toutes les poitrines s’ouvrent, et une révolution en sort.

En attendant que les révolutions éclatent, le vol s’organise. Les voleurs tenaient Madrid. Ailleurs ils forment une bande ; à Madrid ils formaient une corporation. Tout voyageur prudent capitulait avec eux, les comptait d’avance dans les frais de sa route et leur faisait leur part. Nul ne sortait de chez soi sans emporter la bourse des voleurs. Pendant la minorité de Charles II, sous le ministère du second don Juan D’Autriche, le corrégidor de Madrid adressait requête à la régente pour la supplier d’éloigner de la ville le régiment d’Aytona, dont les soldats, la nuit venue, aidaient les bandits à détrousser les bourgeois.

Troisièmement, la manière dont étaient possédés et administrés les pays conquis et les domaines d’outre-mer. Il n’y avait pour tout le nouveau monde que deux gouverneurs, le vice-roi du Pérou et le vice-roi du Mexique ; et ces deux gouverneurs étaient en général mauvais. Représentants de l’Espagne, ils la calomniaient par leurs exactions et la rendaient odieuse. Ils ne montraient à ces peuples lointains que deux faces, la cupidité et la cruauté, pillant le bien et opprimant l’homme. Ils détruisaient les princes naturels du pays et exterminaient les populations indigènes. Quant aux vice-royautés d’Europe, il y avait un proverbe italien. Le voici ; il dit énergiquement ce que c’était que la domination espagnole : L’officier de Sicile ronge, l’officier de Naples mange, l’officier de Milan dévore.

Quatrièmement, l’intolérance religieuse. Nous reparlerons peut-être plus loin de l’inquisition. Disons seulement