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Page:Ibn Battuta - Voyages - Traduction Sanguinetti - Volume 1.djvu/12

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saient cependant que par de maigres abrégés. Ce qu’il en avaient dit avait suffi pour faire désirer aux savants d’Europe d’obtenir des manuscrits de la relation originale ; mais ce désir tarda longtemps à se réaliser. Enfin, la conquête de l’Algérie et la prise des bibliothèques de Constantine nous ont valu, presque en même temps, plusieurs exemplaires de ce précieux ouvrage. Cette heureuse circonstance a permis de consulter le récit original d’Ibn Batoutah, et les fragments assez considérables qui ont été traduits par plusieurs orientalistes, n’ont pu que confirmer l’opinion qu’on s’en était faite d’après les abrégés découverts par Seetzen et Burckhardt.

Peu de nations ont poussé aussi loin que la race arabe le goût des courses, des voyages lointains. C’était chez elle un penchant que bien des causes faisaient naître, ou dont elles favorisaient la satisfaction. L’Arabe, ou, pour parler d’une manière plus générale, le sectateur de l’islamisme, n’avait plus, comme ses ancêtres du temps du paganisme, un ou deux motifs seulement pour sortir de son pays et voyager chez les peuples lointains. Avant Mahomet, le manque d’eau et de pâturages dans des années de sécheresse, le besoin de se procurer les productions de la Syrie et de l’Irak, ou encore la curiosité de visiter les cours des Césars et des Cosroës, avaient pu faire franchir à quelques tribus, à des caravanes ou à des individus isolés, les limites de la péninsule arabique ; mais, après tout, c’était là une bien faible portion de la race arabe. Il était réservé à l’islamisme de développer chez ses sectateurs la passion des voyages, en même temps qu’il leur facilitait les moyens de la satisfaire. Le pèlerinage de la Mecque, devenu une obligation pour tout bon musulman, quelque éloigné qu’il fût du ber-