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VOYAGES


celui ci resta quelque temps absent de sa cour. Lorsqu’il se présenta de nouveau devant le khalife, le monarque l’interrogea touchant son absence. Cet homme l’informa qu’il était allé trouver Khacîb, et lui apprit le don qu’il en avait reçu. (C’était un présent considérable.)

Le khalife se mit en colère ; il ordonna de crever les yeux à Khacîb, de le chasser de l’Égypte, de le ramener à Bagdad et de le jeter au milieu des places de cette ville. Quand l’ordre de se saisir de Khacîb arriva en Égypte, ou lui interdit d’entrer dans sa maison. Il avait au doigt une pierre précieuse d’une valeur considérable ; il parvint à la cacher et la cousit durant la nuit dans son vêtement. Cependant on le priva de la vue, et on le jeta sur le pavé de Bagdad. Un poëte vint à passer près de lui et lui dit : Ô Khacîb, je m’étais dirigé vers toi de Bagdad en Égypte, afin de te louer dans une kacideh ; mais j’ai trouvé que tu étais parti de ce pays-là. Or je désire que tu entendes ma pièce de vers. — Comment t’écouterais-je, répondit Khacîb, dans l’état où tu me vois ? — Mon seul but, reprit le poëte, c’est que