Aller au contenu

Page:Ibn Battuta - Voyages - Traduction Sanguinetti - Volume 1.djvu/431

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dant ton absence ? » Il refusa de le lui apprendre ; mais le maître insista, et Haçan lui raconta l’histoire. Nadim eddîn, désirant connaître le fakir, alla de nuit avec Haran au lieu où il allait d’habitude, et quand le fakîr passa devant eux, Haçan dit : « Ô mon maître, le voilà ! » Cet homme l’entendit, et frappa avec sa main sur la bouche de Haçan, en disant : « Tais-toi, que Dieu te fasse taire ! » Or sa langue devint muette, et son intelligence s’envola. Il resta maniaque à la Mecque, faisant les tournées la nuit et le jour, sans se laver et sans prier. Le peuple le regardait comme un objet de bénédiction, et l’habillait. Lorsqu’il avait faim, il s’en allait au marché, qui est entre Sai’a et Marwah, et entrant dans l’une de ses boutiques, il mangeait ce qu’il voulait. Personne ne le chassait, ni ne l’empêchait : au contraire, tout le monde se réjouissait de le voir prendre quelque aliment chez soi ; car la bénédiction et l’accroissement se manifestaient alors dans la vente et le gain. Quand Haçan se rendait au marché, tous les trafiquants tendaient leur cou vers lui, chacun d’eux désirant vivement qu’il mangeât