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Page:Ibn Battuta - Voyages - Traduction Sanguinetti - Volume 1.djvu/75

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Bougie avait alors pour émir (commandant) Abou Abd Allah Mohammed ben Seyid annâs, le chambellan (alhâdjib). Or, un des marchands de Tunis en compagnie desquels j’avais voyagé depuis Miliânah, le nommé Mohammed, fils d’Al-hadjar, dont il a été fait mention plus haut, était mort, laissant une somme de trois mille dinars d’or, qu’il avait confiée par testament à un individu d’Alger nommé Ibn Hadidah, afin que celui-ci la remît à Tunis entre les mains de ses héritiers. Ibn Seyid annâs, ayant eu connaissance de ce fait, enleva la somme des mains du dépositaire. C’est le premier acte d’injustice dont j’aie été témoin de la part des agents et des lieutenants des Almohades (almoahhidoûn ou almoahhidîn, les unitaires).

A peine étions nous arrivés à Bougie que je fus pris de la fièvre. Abou Abd Allah azzobeïdy me conseilla de m’arrêter en cette ville jusqu’à ma guérison ; mais je refusai de suivre cet avis, et je répondis : « Si Dieu a résolu ma mort, que du moins elle arrive pendant que je serai en route pour me rendre dans le Hidjâz. — Si telle est ta résolution, me dit-il