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TRIBUS ARABES.

et [ancien] tuteur des enfants de Tutuch[1]. Expulsé de la Syrie par ce prince, il s’arrêta à Hilla, chez Sadaca-Ibn-Mezïed[2], qui lui fit cadeau de sept mille pièces d’or. Ils s’engagèrent alors par serment à se soutenir mutuellement. En l’an 500 (1106-7), lors de la dissension qui s’éleva entre Sadaca et le sultan Seldjoukide, Mohammed-Ibn-Mélek-Chah, dissension qui aboutit à une guerre, Fadl vint se joindre au premier ainsi que Kirouach, fils de Chéref-ed-Dola, Moslem-Ibn-Coreich, seigneur de Mosul et quelques chefs turcomans, tous alliés de Sadaca. Quand on se fut mis en marche contre le sultan, Fadl et ses compagnons, qui s’étaient placés à l’avant-garde, passèrent du côté d’Ibn-Mélek-Chah. Ce prince les accueillit avec une haute distinction, et les ayant revêtus de pelisses d’honneur, il installa Fadl dans l’hôtel que Sadaca possédait à Baghdad. Quelque temps après, le sultan marcha contre Sadaca, et s’étant laissé tromper par Fadl qui s’engageait à tenir ce chef en échec, il lui donna la permission de passer dans le Désert. Fadl traversa alors le fleuve, atteignit la ville d’El-Anbar, et à partir de cette époque, ne revint plus auprès d’Ibn-Mélek-Chah.

Ces renseignements d’Ibn-el-Athîr et les paroles d’El-Moçabbihi prouvent clairement que Fadl appartenait, tout aussi bien que Bedr, à la famille de Djerrah. D’ailleurs, la généalogie des Djerrah, telle qu’on nous la donne, démontre que leur ancêtre, Fadl, est bien le même individu que celui-ci. En effet, pendant que les uns l’appellent Fadl, fils de Rebiâ, fils d’El-Djerrah, les autres le nomment Fadl, fils de Rebiâ, fils d’Ali, fils de Moferredj.

Dans cette dernière généalogie on donne Rebiâ comme un descendant de Moferredj, aïeul de la tribu de Djerrah : erreur dans laquelle on a pu tomber à cause de l’ancienneté des faits, ou par suite du peu de soin que des nomades tels qu’eux ont pu mettre à garder le souvenir d’une circonstance de cette nature.

  1. Voy. l’ouvrage de M. Reinaud intitulé Extraits des historiens arabes, relatifs aux Croisades, page 22 et suiv. ; et Ibn-Khallikan, trad. t. I, page 273.
  2. Voyez la traduction d’Ibn-Khallikan, vol. 1, page 634.
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