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HISTOIRE DES BERBÈRES.

dans tout son empire. Ayant persisté à remplir son vœu, il fit couper aux robes de cérémonie et aux étendards la bordure dans laquelle les noms des princes fatemides se trouvaient tissés[1], et ayant reconnu pour souverain Abou-Djâfer-el-Caïm, fils d’El-Cader, l’Abbacide, il ordonna qu’on fît le [khotba] au nom de ce khalife et que l’on offrît des prières pour sa prospérité du haut de toutes les chaires. Ceci eut lieu en 437 (1045-6).

Le khalife de Baghdad ayant reçu l’acte par lequel El-Moëzz reconnaissait son autorité, lui envoya, par Abou-’l-Fadl-el-Baghdadi le diplôme d’investiture et les robes d’honneur. On fit la lecture de cette pièce dans la grande mosquée de Cairouan ; on y déploya les étendards noirs[2] et on démolit la maison des Ismaïliens[3].

Quand cette nouvelle parvint à El-Mostancer, khalife de l’Égypte, et à ses sectateurs, les rafédites ketamiens, ainsi qu’aux autres partisans de la dynastie fatemide, ils en ressentirent une douleur extrême, et dans le trouble que cet événement leur inspira, ils demeurèrent frappés de consternation.

Nous avons déjà fait observer que les tribus hilaliennes se trouvaient cantonnées dans le Saïd. Elles se composaient des Djochem, des El-Athbedj, des Zoghba, des Rîah, des Rebiâ et des Adi ; populations dont la présence sur ce territoire y répandait la dévastation et nuisait non seulement à la province mais à l’empire. Le vizir El-Yazouri donna le conseil de gagner ces tribus ; d’en revêtir les chefs du commandement des provinces de l’Ifrîkïa et de les envoyer faire la guerre à la dynastie des San-

  1. Voy. la Chrestomathie de M. de Sacy ; tome ii, page 287.
  2. Le noir était la couleur distinctive de la dynastie abbacide. (Voy. l’extrait des Prolégomènes de notre auteur, inséré par M. de Sacy dans sa Chrestomathie, tome ii, p. 265.)
  3. Les Ismaïliens étaient partisans des Fatemides. La maison qu’El-Moëzz fit démolir fut sans doute un établissement semblable à celui que les Fatemides avaient fondé au Caire et qui portait le nom de la Maison de la sagesse. On y enseignait les doctrines secrètes de la secte Fatemide. (Voy. l’Exposé de l’Histoire des Druzes, de M. de Sacy, t. i, pages cclxxx et cccxii.)