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EN-NOWEIRI.

§ III. — GOUVERNEMENT D’OCBA-IBN-NAFÊ-EL-FIHRI, ET TROISIÈME EXPÉDITION EN IFRÎKÏA.

L’historien dit : en l’an 50 (670) Moaouïa-Ibn-Abi-Sofyan envoya en Afrique Ocba-Ibn-Nafê de la tribu de Fihr [Coreich], lequel était resté à Barca et à Zouîla pendant qu’Amr-Ibn-el-Aci gouvernait l’Égypte[1]. Ocba rassembla les Berbères néophytes, et les incorpora dans l’armée que Moaouïa venait de lui envoyer et qui se composait de dix mille cavaliers musulmans. Il marcha aussitôt contre l’Ifrîkïa, et, y ayant pénétré, il passa au fil de l’épée tous les chrétiens qui restaient[2]. Il dit alors [à ses troupes] : « Quand un imam[3] entre en Ifrîkïa, les habitants de ce pays se mettent à l’abri du danger en faisant la profession de l’islamisme, mais aussitôt que l’imam se retire, ces gens-là retombent dans l’infidélité. Je suis donc d’avis, ô musulmans ! de fonder une ville qui puisse servir de camp et d’appui à l’islamisme jusqu’à la fin des temps. » Ce conseil fut adopté.

§ IV. — FONDATION DE LA VILLE DE CAIROUAN.

Les historiens disent qu’Ocba ayant fait comprendre aux musulmans la nécessité de fonder une ville, les mena à l’emplacement où Cairouan devait s’élever et qui était alors couvert d’un bois

  1. Amr-Ibn-el-Aci gouverna l’Égypte depuis l’an 20 jusqu’à l’an 25, et depuis l’an 38 jusqu’à l’an 43. Or, Ibn-Khaldoun dit, dans l’histoire des émirs arabes qu’en l’an 45, Moaouïa ôta le gouvernement de l’Afrique à Moaouïa-Ibn-Hodeidj pour le confier à Ocba-Ibn-Nafê. Cette date me paraît inadmissible.
  2. Ici l’auteur exagère à la manière arabe ; nous savons qu’Ocba mourut en combattant les Berbères et chrétiens qui s’étaient réunis pour l’attaquer.
  3. C’est-à-dire une personne revêtue de l’autorité spirituelle et temporelle ; tels étaient les généraux de ce temps-là, quand ils agissaient comme représentants du khalife.