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APPENDICE.

tirés dans la place, Ocba ne voulut pas s’y arrêter, et marcha sur Lambèsa[1], une de leurs plus grandes villes. Les habitants des environs s’y réfugièrent à son approche, et dans une sortie, ils se battirent avec un tel acharnement que les Arabes en furent consternés et s’attendirent à être exterminés. Ocba parvint cependant à repousser l’ennemi, et l’ayant poursuivi jusqu’à la porte de la forteresse, il lui enleva beaucoup de butin.

Ne voulant pas s’y arrêter davantage, il partit pour le pays du Zab, et là, il demanda quelle était la ville principale. On lui désigna la ville d’Erba, résidence du souverain (Mélek) et point de réunion pour les princes du Zab. Elle était entourée de trois cent soixante villages, tous très-peuplés.

Les habitants, instruits de son approche, se retirèrent, les uns dans leurs forteresses, et les autres dans les montagnes et les lieux d’accès difficile. A l’heure du soir Ocba prit position contre la ville, et le lendemain il ordonna l’attaque. Plusieurs combats eurent lieu, à la suite desquels les musulmans perdirent tout espoir, quand Dieu leur donna la victoire. L’ennemi fut mis en déroute, la plupart des cavaliers roumis restèrent sur le champs de bataille ; les autres évacuèrent le Zab, après avoir reçu une leçon qui rabaissa leur fierté pour toujours.

De là Ocba se dirigea sur Tèhert et alla camper auprès de cette ville. Sachant que les Roum, prévenus de son approche, avaient obtenu le secours des Berbères, il se leva, et adressa un discours à ses troupes, pour les exciter au combat. Dans l’action qui suivit, les Roum et les Berbères ne purent résister aux musulmans ; l’armée coalisée perdit beaucoup de monde en peu de temps et les Grecs évacuèrent la ville[2]. Ocba alla ensuite camper près de Tanger, et un roumi nommé Yulîan, un de leurs nobles, vint au-devant de lui avec de riches présents et se soumit à ses ordres. Ocba le questionna relativement à

  1. En arabe Lambès. Ce mot est mal écrit et mal ponctué dans les manuscrits ; l’un porte Lemîs, l’autre Melîch.
  2. Ces derniers mots sont omis dans un des mss., et en effet, ils doivent être de trop ; Ocba n’avait pas avec lui les moyens d’emporter une place forte.