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Page:Ibn Khaldoun - Histoire des Berbères, trad. Slane, tome 1.djvu/507

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EN-NOWEIRI.

retraite des sofrites, Omar envoya quinze cents hommes sous le commandement de Mamer-Ibn-Eïça de la tribu de Sâd, pour combattre Ibn-Rostem qui se trouvait à Tehouda avec quinze mille cavaliers. Ibn-Rostem essuya une défaite et prit la route de Tèhert. Omar confia alors le commandement de Tobna à El-Mohenna-Ibn-el-Mokharec-Ibn-Ghifar, de la tribu de Taï, et se mit en marche afin de dégager Cairouan. Abou-Corra, ayant appris le départ d’Omar, rassembla ses troupes, et alla bloquer El-Mohenna dans Tobna ; mais celui-ci fit une sortie, le culbuta et pilla son camp.

Il y avait déjà huit mois qu’Abou-Hatem assiégeait Cairouan ; aussi le trésor de cette ville, et même les magasins de vivres, se trouvaient totalement épuisés. Pendant tout ce temps la garnison était obligée de combattre les Berbères chaque jour, du matin au soir ; et, pressée par la faim, elle avait fini par manger tous ses chevaux et même ses chiens. Dans cette extrémité, les habitants commencèrent à quitter la ville pour se réfugier dans le camp ennemi. Omar ayant su cet état de choses, partit pour Cairoman à la tête de sept cents hommes de la milice. Lorsqu’il fut arrivé à Laribus, les Berbères levèrent le siége et avancèrent tous à sa rencontre. Informé de leur approche, Omar se porta rapidement aux environs de Tunis, et quand l’ennemi fut venu prendre position à Semindja, il se rendit à Bîr-es-Selama où il effectua sa jonction avec [son frère utérin] Djemil-Ibn-Sakhr, qui arrivait de Cairouan. De Bir-es-Selama il se dirigea sur Cairouan, et arrivé dans cette ville, il ordonna à sa cavalerie de parcourir les environs de la place et lui rapporter des approvisionnements en vivres, en bois et autres choses nécessaires. Il fit ainsi des dispositions pour soutenir un siége, et il forma un camp retranché à la porte d’Abou-’r-Rebiâ dans lequel il établit ses milices, Bientôt Abou-Hatem y parut à la tête de cent trente mille hommes. Omar lui livra bataille, mais, après un combat opiniâtre, il fut obligé de rentrer au camp où il soutint encore un assaut ; et accablé enfin par le nombre, il fut contraint de se jeter dans les retranchements de la porte d’Abou-’r-Rebiâ. Tous les jours il sortit pour combattre l’ennemi, jusqu’à ce qu’il vit la