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Page:Janin - La Bretagne, 1844.djvu/7

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la bienveillance qui vous est naturelle pour les entreprises honnêtes et sérieuses, a été pour nous tous, pour l’écrivain et pour les artistes, un encouragement précieux. Les uns et les autres, à force de zèle, de travail, de persévérance, ils ont voulu élever un monument qui ne fût pas trop indigne de mériter votre intérêt et d’attirer vos regards. — Votre nom sera le premier nom de ce livre ; votre nom fermera l’histoire de cette province de Bretagne que vous nous avez appris à aimer de si bonne heure, vous le poëte du quatrième livre des Martyrs, vous l’historien qui racontez à la façon de Bossuet lui-même les annales de la patrie française, vous qui venez, récemment encore, car votre plume est infatigable comme votre esprit, de rendre à la Bretagne une famille qui est sienne, en écrivant la Vie de Rancé.

Vous êtes notre maître, vous êtes le maître de ce siècle. Vous avez indiqué de nouveau, avec la conscience de la probité et du génie, la voie abandonnée par le siècle passé, la voie chrétienne. Votre parole austère et poétique s’est élevée la première — avec quel éclat et quelle énergie, l’histoire le dit déjà ! — au milieu des ruines amoncelées, sur les débris du vieux trône et des autels sacrés. — Votre souffle puissant a rendu la vie et l’honneur à tout ce qui était l’histoire, la poésie, les vieux noms glorieux, les conquêtes d’autrefois. — Vous avez démontré, à la façon d’un poëte et d’un Père de l’Église d’Orient, le génie de l’Évangile ; aussi êtes-vous compté, par cette nation que vous avez sauvée, non-seulement au rang des plus illustres poëtes, mais encore, et c’est une gloire qui vous touchera davantage, à la tête de ses plus excellents bienfaiteurs.

Non, le monde n’est pas ingrat ; ce monde, il est vrai, a joui des travaux achevés par d’autres que par lui, mais il a connu ce que ces travaux ont coûté : » Il a trouvé le ridicule que Voltaire avait jeté sur la religion effacée, les jeunes gens osant aller à la messe, les prêtres respectés au nom de leur martyre ; » mais ce vieux monde n’a pas cru que cela était arrivé seul, que personne n’y avait mis la main[1] : au contraire, il sait

  1. Préface du Génie du Christianisme pour l’édition de 1828.