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Page:Jeanne-Landre-Echalote continue 1910.djvu/130

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ÉCHALOTE CONTINUE…

entre la cocotte et le désœuvré multiplie ses efforts, veille aux canapés et aux fourneaux.

Aujourd’hui, la nuit s’annonce pluvieuse. L’orage gronde, on ne flânera pas dans les rues et les relations de trottoir prendront vite le chemin des salles lumineuses. Déjà les tables vides sont rares. Les consommatrices encore veuves sont renvoyées d’une chaise à l’autre dès qu’un client fait irruption. Les gérants agitent leurs serviettes, les garçons se désarticulent, chacun est aux ordres du nouveau venu et malmène l’habituée qui n’est ni bien nippée ni belle.

Échalote, à l’école de M. Plusch, avait acquis l’art du discernement. Aussi ne nourrissait-elle aucun penchant pour les restaurants de nuit et ne consentait-elle à leur porter son écot qu’à la dernière extrémité. La démence d’Adhémar Dutal avait entraîné cette obligation. Victor n’était plus dans l’âge où l’on jeûne et la bohème ne lui avait jamais souri. Échalote, ayant assumé l’entretien de la maison et de son chef, avait à cœur de se débrouiller. Toutefois, dans sa jugeote de gosse ficelle, elle redoutait l’aventure rapide entre une petite femme à la côte et un homme pressé.

Un ou deux louis, puis l’oubli du partenaire,