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Page:Jeanne-Landre-Echalote continue 1910.djvu/223

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PREMIÈRE JOURNÉE DE PLEINE MER

restez pas enfermée. On lutte plus longtemps au grand air.

Elle consent à suivre cet avis. Quel avis d’ailleurs, ne suivrait-elle pas ? Elle n’a plus d’énergie ; ses jambes sont en coton et son estomac en marmelade. Le monsieur, lui, est très gaillard, et ça l’exaspère. Il assure même que l’atmosphère iodée de l’Océan excite l’appétit et les sens.

— Ignorez-vous donc que certaines demoiselles faciles, oh ! très faciles ! ont établi leur quartier général sur les paquebots ? Ici, la traversée est un peu brève, mais dans les voyages vers l’Amérique du Sud, et vice versa, on peut réaliser de sérieux bénéfices.

Il sourit, allumé par son propre récit. Échalote ne participe pas à cette gaieté. Ballottée d’une manche à air à un cabestan, elle se décide à se cramponner au support d’une embarcation et à n’en plus bouger.

— Et ça ne fait que commencer, — sanglote-t-elle. — Je n’ai pourtant tué ni père ni mère pour être condamnée à ce supplice.

À l’heure du dîner, avec un peu de rouge aux joues et aux lèvres, elle crut pouvoir se mettre à table. Illusion ! Le potage qu’elle essaie de porter